• Numéro 4 | paru le 28 novembre 2008 | Berto Zucca

     

     

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>« N'ALLEZ PAS CHEZ L'OPTICIEN

    IL Y VA DE VOTRE VIE » [i]

     

     

     

    Max Berto

     

     

     

    Tel est le mystérieux message que Patrick Gemai découvre un soir dans le miroir d'un poudrier oublié sur la table d'un café de province.

    Qui est Patrick Gemai ? Le célèbre présentateur de la chronique télévisée « Une histoire extraordinaire », dans le film de Pierre Zucca, « Le secret de Monsieur L. »[ii]

    « N'ALLEZ PAS... »

    Mais il est trop tard. Patrick Gemai (Pierre Arditi), a déjà fait le voyage, appâté par cette lettre de Victor Lumen, opticien, Saint-Loup-de-Varenne :

    «...Il y a cent cinquante ans, dans ce village où j'habite, un inventeur découvrait le moyen de transformer les corps animés en images définitivement immobiles.
    N'avez-vous jamais rêvé qu'on pouvait, à l'envers de son procédé, fabriquer des images plus éternellement vivantes que les corps ?
    Je serais heureux de pouvoir vous faire part de quelques expériences... » 

    Au matin voici donc Patrick Gemai, en professionnel toujours à l'affût « d'histoires extraordinaires », aux abords de la maison d'où Monsieur Lumen (Michel Bouquet) et sa fille Agathe (Irina Brook) l'observent à travers une lorgnette.

    «Lumen : Tu vois que ton vieux père tient toujours ses promesses : je t'avais dit que je réussirais à l'attirer ici. 
     ... Regarde, Agathe. Regarde, mon ange, l'homme que tu attends. »

    On dirait le magicien Prospéro naufrageant le prince Ferdinand sur son île, et sa fille Miranda émerveillée de découvrir pour la première fois de sa vie un jeune homme en réalité.

    « À présent, Agathe, écoute-moi avec attention : j'ai besoin de deux jours pour que le soleil soit favorable à l'expérience qui doit transformer ce garçon.
    Pour le retenir, j'ai installé en bas toutes sortes de machines amusantes... »

    En avançant  vers la maison, Gemai décrit ce qu'il voit dans le micro de son magnétophone.

    «...Cinq constructions mystérieuses sont dressées entre les arbres... »

     Et maintenant le voilà seul dans la pénombre d'une salle traversée d'un rayon de lumière qui vient frapper un grand miroir suspendu au mur. Dans ce miroir, le visage d'Agathe, extraordinairement lumineux, le regarde. Bruits de chaînes et d'engrenages, le visage bascule de bas en haut et disparaît.

    Monsieur Lumen sort de sa cachette.

    « C'est vous qui avez inventé cette machine ? »

    Pour inspirer confiance à son invité, Lumen ne sera jamais avare d'explications :

    « Oh, pas du tout ! Je n'ai fait que reconstituer une installation décrite il y a plus de trois cents ans par le  jésuite Athanase Kircher, le père de toutes les illusions ! »
     

    En tant que décorateur du film, c'est à mon tour de reconstituer cette installation en studio.

    Pierre Zucca m'avait fourni l'élément clef : une gravure représentant la « Machine changeant les hommes en animaux », tirée du traité « Ars magna lucis et umbrae », du père A.Kircher, (1646).

    Comme dans la plupart des illustrations de chambres obscures de cette époque, celle-ci est dessinée en perspective cavalière.

    Nous prenons le parti d'interpréter en trois dimensions les déformations inhérentes à ce principe de représentation.

    Le sol sera donc incliné, les parois obliques par rapport au plan du tableau, le damier du sol constitué de losanges. Ce dispositif a l'avantage de découvrir dans une vue frontale une partie de la coulisse d'où Lumen actionne ses appareils, dont il explique le fonctionnement :

    « Le principe est extrêmement simple : un rayon de soleil, concentré par une lentille, frappe un miroir qui le renvoie sur un cylindre dissimulé dans cette grande boîte noire, sur lequel sont peints toutes sortes de visages. Éclairés alors par le rayon de soleil, les visages sont à leur tour réfléchis dans le miroir, où on les aperçoit comme des apparitions. Il suffit de faire tourner le cylindre pour changer à loisir les images. »

    Je m'étais procuré quelques masques d'animaux de carnaval : lapin, tigre, grenouille...

    Pierre les photographie en noir et blanc, fait aussi un très beau portrait d'Irina Brook - Agathe.

    Il colorie ensuite les tirages à la main, suivant une technique qu'il affectionne.

    Nous collons les images sur le cylindre. De son côté, Paul Bonis, notre chef opérateur, dessine à la craie le tracé des rayons lumineux sur des petits châssis tendus de tulle.[iii]

     

    Retour à la machine de Kircher. Cette fois Gemai est à la bonne place pour se voir lui-même en pied dans le miroir, et quand Lumen  actionne le cylindre, l'image d'une tête de veau se substitue exactement à son visage.

    Qu'on veuille exciter sa curiosité, soit. Mais où sont donc les expériences extraordinaires promises ? Pour l'instant, on se croirait davantage dans une banale attraction foraine.

    Pourtant, est-ce innocent si ce n'est pas la tête d'un animal que Lumen a choisi pour prologue à ses démonstrations, mais l'image charmante de sa propre fille ?
    « Allons déjeuner ! »
    <o:p> </o:p>

    Si je me suis attardé sur cette salle au cylindre, c'est qu'elle est au centre des mécanismes mis en œuvre par l'étrange Monsieur Lumen pour attirer, captiver, et enfin, capturer, le chroniqueur de télévision Patrick Gemai.

    Réduite à la machine de Kircher, ce n'est qu'un curieux mariage entre la chambre noire et la

    lanterne magique. Mais c'est primordialement une chambre noire - motif récurrent dans l'histoire – qui se révélera avoir été, et destinée à être, l'outil d'expériences bien plus  redoutables.

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    À l'étage, les volets de la salle à manger sont hermétiquement clos.

     « Cette maison est pour moi une sorte de vaste chambre noire, vous comprenez ?
    Une chambre noire au sens propre, et au sens figuré. »
    Après le prélude de la machine de Kircher, Gemai sera confronté à une suite de phénomènes énigmatiques : dans la salle à manger, où tout est fait pour donner l'illusion d'un intérieur confortable, et où Lumen circule en « faisant de curieux détours entre les meubles », il s'intrigue en particulier d'un secrétaire qui repose bizarrement en biais sur deux pieds seulement. « Ah oui... ! En effet, oui : c'est amusant. Je n'avais pas remarqué. C'est sûrement le plancher : cette maison est toute de travers. Pardon ! »

    Avec Victor Lumen, on ne sait jamais vraiment si c'est du lard ou du cochon...

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    On va tourner la scène. Pierre Zucca s'impatiente du temps que prennent les techniciens vidéo à caler virtuellement ce fameux meuble à la bonne hauteur. Mon assistant Patrick Weibel bondit et en deux tours de visseuse, voilà notre meuble fixé au décor dans la position souhaitée.

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    Puis c'est la démonstration du « vidéographe », avec lequel Lumen projette sur la table, en trois dimensions, à la façon d'un hologramme, un  amusant duo de personnages saisis dans la rue du village.

    Toutes ces curiosités ont certes fait patienter provisoirement le journaliste, mais le plus délicat reste à obtenir. C'est pourquoi, après lui avoir enfin présenté sa fille – visiblement très émue, Monsieur Lumen glisse insidieusement:

    « Il y a une expérience, surtout, Monsieur Gemai...une expérience de la plus haute importance pour moi, et pour vous...mais malheureusement, le soleil n'atteindra l'angle dont j'ai besoin qu'après-demain matin...Est-ce qu'il vous sera possible d'attendre ? »

    Et Gemai accepte. Les yeux d'Agathe... ?

    Les évènements s'enchaînent que Lumen ne contrôle plus ou qui échappent à son champ de vision : la fuite à reculons d'Agathe, Gemai voulant la suivre et trébuchant dans un escalier virtuel. Agathe perchée en pleine nuit au sommet d'un mur dans le village désert et Gemai voyant la  lune passer à travers son corps.

    Et ce nouveau message sur le pare-brise de sa voiture : « JE VOUS EN SUPPLIE : FUYEZ ! »

    Alors que l'opticien tente par tous les moyens de le retenir...

    Mais le comble, c'est lorsque enfermé dans la chambre noire du jardin, il voit son reflet multiplié à l'infini par un jeu de miroirs, et qu'Agathe, tendant le bras vers un de ces reflets, le capture et s'enfuit avec lui hors du miroir.

    Le mystère auréolant la jeune fille a largement pris le pas sur les performances optiques de son père. Gemai confie à son magnétophone :

    «... plus cette journée avançait... et plus l'image de la jeune fille hantait mon imagination. J'avais à chaque instant l'espoir qu'elle paraisse et, à force de l'attendre, j'étais devenu si nerveux que j'avais accepté de jouer avec l'opticien à un jeu absurde ... »

    Jeu qui consistait à trouver, parmi un grand nombre de bouteilles virtuelles, la vraie remplie d'eau-de-vie. Gemai perd beaucoup - les billets de banque s'amoncellent devant Lumen – mais il aussi assez gagné pour être déjà nettement éméché.

    Recommençant à perdre, il voudrait bien qu'on lui laisse une dernière chance.

    «... Je vous laisse même toutes les chances que vous voulez, à condition que vous me promettiez de venir pour moi, poser demain matin.
    - Poser ?
    - Oui : poser...pour une photographie. Comme nous sommes dans le pays de Nicéphore Niepce, j'avais envie... »

    L'eau-de-vie est avantageusement venue au secours des ruses de l'opticien : Gemai accepte sans hésitation. À moitié ivre, il aperçoit Agathe immobile dans son fauteuil, s'avance pour tenter de la toucher :

    « Vous comprenez, Monsieur... Je suis perdu maintenant... Je ne sais plus que croire : mes yeux me trahissent, et seuls mes doigts... », doigts qui traversent le dossier du fauteuil où Agathe était assise : comme les bouteilles, comme l'escalier, le fauteuil serait donc lui aussi virtuel ?

    Nuit. Grimpé sur une échelle, Gemai surprend par une fenêtre Agathe en discussion avec son père. Si l'on distingue clairement les paroles de Lumen:

    « ... Si tu l'aimes, je n'ai que cette solution-là !... », celles d'Agathe, en revanche, sont parfaitement incompréhensibles et de plus accompagnées de mouvements effectués à l'inverse de mouvements habituels. Intuitivement, il a branché son magnétophone.

    Plus tard en effet, rembobinant l'appareil, il reconstitue - à l'endroit - le langage inversé de la jeune fille :

    « C'est vrai que je t'ai supplié de l'attirer ici et de tenter une nouvelle fois cette maudite expérience !... Mais j'avais besoin de son amour, tu comprends ? Pour ne pas devenir folle ! Je suis si seule ! »

    Le lendemain, malgré tout, il assiste (tranquillement ?) à la disparition progressive des éléments du décor du salon dans lequel il jouait avec Lumen, à l'aide d'un procédé dont celui-ci, à son habitude, ne fait aucun mystère : un système de projection à partir d'une maquette.

    Ce n'est presque plus étonnant, dans cette maison où tout n'est que faux-semblant.

    Il ne subsiste du décor que des parois nues et deux ou trois meubles de première nécessité.

    Mais Gemai qui a reconnu dans la maquette le fauteuil d'Agathe en miniature, pose enfin la question :

    « Qui est Agathe, Monsieur Lumen ... Agathe qui marche à l'envers, qui parle à l'envers. Qui peut s'asseoir sur la simple image d'un fauteuil fabriqué par vos projections... ? »

    Monsieur Lumen se laisse alors aller aux confidences. Bien qu'opticien avant tout, il ne dédaignait pas, pour le plaisir, de montrer en public quelques-unes de ses expériences « amusantes », pour lesquelles Agathe petite fille lui servait de partenaire, pouvant sans peine se cacher dans les boîtes à double-fond.

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    Rue Notre-Dame de Lorette. Nous débarquons dans la boutique de magie de Georges Proust[iv] et lui exposons notre projet - sous l'œil amusé de Pierre Etaix assis dans un coin. Nous repartons avec de précieux documents sur les secrets des illusionnistes - trucs d'apparitions, disparitions, spectres, métamorphoses - à coups de miroirs et de stores à ressorts...

    <o:p> </o:p>« Et puis un jour, il y a eu cet accident... C'était le jour même du solstice d'été...je m'étais enfermé dans mon laboratoire pour expérimenter une machine à décomposer la lumière et je n'avais pas vu qu'Agathe s'était cachée ... Elle a voulu me faire une farce et, pendant que je réglais le faisceau de cette nouvelle machine, elle est sortie sur la pointe des pieds pour modifier avec un prisme le trajet du rayon de lumière...
    - Et alors ?
    - Il y a certains tours dont un illusionniste ne donnera jamais le secret ... Et ce tour-là, c'est le secret d'Agathe. »
    <o:p> </o:p>

    Ce secret, on l'aura deviné depuis longtemps : Agathe n'est plus qu'un fantôme spéculaire[v].

    À la façon d'un détective de roman, reprenons chronologiquement les faits :

    - Agathe, au cours d'une expérience d'optique de son père, a été piégée accidentellement et transformée en créature virtuelle. (Éternellement vivante ?)

    - Dans son nouvel état, elle ne peut tomber amoureuse que d'une autre image, et ce sera celle du séduisant chroniqueur de télévision Patrick Gemai[vi]. (Image électronique, celle-là, mais non moins virtuelle.)

    - Pour rompre la solitude de sa fille, l'opticien n'a pas le choix : reproduire sur Gemai la fâcheuse expérience qui a dématérialisée Agathe, afin qu'il puisse la rejoindre « dans l'envers de ce monde.»

    - Lumen attire chez lui le journaliste, sous prétexte de lui faire part de certaines expériences « extraordinaires. ».

    - À plusieurs reprises, Agathe cherche à prévenir l'homme qu'elle aime d'un danger fatal.

    - Car il y a bien un drame dans l'air. Gemai a pu entendre (à l'endroit) sur son magnétophone les paroles de la jeune fille : « Mais je l'aime tant que je ne veux pas qu'il meure, lui aussi ! »

    - Malgré les avertissements d'Agathe et tout ce qu'il a entendu, Patrick Gemai - bien qu'au départ retenu pour «une expérience de la plus haute importance » -  accepte sans hésitation de poser pour une simple photographie.

    - A-t-il été pris au piège au point de tomber à son tour amoureux d'une image ?

    <o:p> </o:p>

    Reste à reconstituer la  mise en scène du crime, du moins de sa tentative...

    Par le système optique relié à la salle au cylindre, Gemai observe Agathe rôdant autour des structures du jardin - lentilles et miroirs sur des bras articulés - aperçues à son arrivée.

    Lumen l'interrompt brusquement. Nous sommes le jour du solstice d'été.
    Dans 9 minutes... le soleil n'attend pas !
    Lumen installe Gemai dans le fauteuil équipé des accessoires - appui-tête, accoudoirs - semblables à ceux utilisés du temps de Daguerre pour immobiliser le sujet pendant la pose, à la différence qu'ici, les mâchoires se referment et emprisonnent complètement Gemai comme sur une chaise électrique.
    Lumen va déclencher les obturateurs.
    « Quel effet cela vous fait-il d'être le premier homme moderne révélé aux vapeurs de mercure sur une plaque d'argent pailletée de cristaux d'iode, et fixé pour toujours sur daguerréotype ?
    Pierre Zucca joue là avec une formule chimique d'époque, comme pour souligner qu'ici, il s'agit bien avant tout de photographie...
    Gemai : « L'effet d'être bientôt un mort de plus parmi les morts. »
    Qu'est-ce qui le pousse à prendre les choses avec un tel détachement fataliste ?
    Les rayons de lumière jaillissent des lentilles, lui brûlent la poitrine.
    « Un peu de courage, et dans quelques minutes, vous allez partager tout le secret d'Agathe,
    ... vous la rejoindrez pour toujours dans l'envers de ce monde ...»
    Le fond de la salle s'abat comme un immense obturateur, découvrant la lentille géante du tube optique relié aux capteurs de lumière du jardin, un prisme jaillit des dessous.
    « Le point de convergence... ! Ce n'est pas possible... quelqu'un a touché à l'orientation de mes miroirs...»
    Agathe... Agathe soudain tout près de Patrick Gemai.
    Elle pose un baiser sur ses lèvres, murmure péniblement « a...di...eu », recule jusqu'au « point de convergence » que Lumen tente en vain d'orienter sur sa cible.
    Le corps impalpable d'Agathe s'embrase et disparaît à jamais comme un papillon dans la flamme d'une bougie ou comme, dans une formule qu'aurait pu employer Pierre, « un fragment de pellicule en nitrate de cellulose sous la lanterne d'un projecteur à arc électrique. »[vii]
    <o:p> </o:p>

    Comme Victor Lumen, Pierre Zucca avait plus d'un tour dans son sac.

    Dans le cadre d'une soirée à priori consacrée aux nouvelles technologies, c'est par un chemin détourné qu'il arrive à insinuer ses propres réflexions sur la nature de l'image - tout en respectant d'une certaine façon la règle du jeu (déclinaison de trucages vidéo, etc.).

    Sous forme de feuilleton, il construit un conte aux allures imprégnées de littérature fantastique : l'inventeur dépassé par son invention, le jeune homme séduit par une créature étrange et inaccessible, les machines mystérieuses...

    Et pour commencer, il situe son histoire dans le village de l'inventeur de la photographie...

    Mais ce n'est pas suffisant. Pour mieux pénétrer le secret de l'image, il faut remonter aux sources de sa fabrication, jouer avec un vocabulaire plastique aujourd'hui oublié : chambres obscures, mégascopes, lanternes magiques...

    Partageant avec Pierre la même passion pour l'optique et ses illusions, je ne pouvais que le suivre sur le terrain de ces mystérieux appareils - aux effets d'autant plus enchanteurs que leurs configurations semblent si clairement lisibles. Nous retrouvons en eux le charme des jouets anciens.

    Comme Coppélius qui a créé un automate si « vrai » qu'on peut en tomber amoureux[viii] Lumen, lui, a transformé sa fille en image et la fait passer pour une créature réellement vivante.

    Gemai est tombé dans un double piège, en premier celui tendu par l'opticien sous couvert de curiosité professionnelle, et parallèlement celui que constitue l'image de la jeune fille. Et c'est avec soumission et fatalisme, on l'a vu, qu'il se prête à la séance de pose pour un prétendu « daguerréotype ».

    Monsieur L. ose lui dire, pour le réconforter avant de le faire passer de l'autre côté :

    « Il n'y a pas de quoi vous plaindre, l'endroit ne vaut plus rien. »

    Cela voudrait-il dire que la photographie rend possible ce que la réalité nous refuse ?

    Toujours est-il que Patrick Gemai en attend bien une révélation :

    «J'espérais, contre toute logique, que cette photographie me permettrait d'apprendre ce que sans elle, je ne pourrais jamais parvenir à savoir : les images étaient en effet, depuis mon arrivée chez Monsieur L., la seule cause d'erreur et en même temps, la seule source de connaissance. » N'est-ce pas la voix même de  Pierre Zucca  que l'on croit entendre ici?
    Monsieur Lumen a échoué dans sa tentative de reproduire sa « maudite expérience ».
    En déréglant le système comme au jour de l'accident originel qui lui a fait traverser le miroir, Agathe a sauvé la vie de son fiancé imaginaire « vu à la télé ».
    Et si Monsieur Lumen avait réussi, qui serait le coupable ? L'opticien, l'illusionniste, ou le photographe ?
    Quant à l'arme du crime, vous vous doutez bien qu'il s'agit de la chambre noire...
    <o:p> </o:p>

    « C'est la volonté de paraître plus réelle que la réalité elle-même qui rend la photographie dangereuse. »[ix]



    1. Toutes les citations en italiques sont extraites du scénario original de Pierre Zucca.

    2. Initialement présenté sous forme de feuilleton en 6 épisodes au cours de la soirée spéciale de l'I.N.A.  « PLEINE LUNE », le lundi 22 août 1983, sur Antenne 2 : « Soirée qui invite à un surprenant voyage à travers l'image : entre la science et la fantaisie, des expériences optiques aux images de synthèse, de la préhistoire de la télévision au dialogue avec l'ordinateur. »  Le secret de Monsieur L. est aujourd'hui disponible en version continue dans le coffret DVD Pierre Zucca cinéaste – Distribution Carlotta.
    3. Pierre, Paul et moi nous amusions à préférer les trucages directs aux effets spéciaux vidéos.
    4. Fondateur du Musée de la Magie à Paris.
    5. Sur les daguerréotypes, le sens des images était inversé comme dans un miroir, la droite et la gauche et
    réciproquement. Emmanuel Sougez : La photographie, son histoire.
    6. Curieusement, aucun appareil de télévision ne figure dans le décor.
    7. Autrement dit le film flamme, dans les débuts du cinématographe.
    8. Les contes d'Hoffmann : L'homme au sable.
    9. Pierre Zucca : Images du cinéma. Éditions A. Moreau.
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