• Numéro 3 | Roman Opalka

     

    Détail sur l'œuvre de Roman Opalka : entretien à distance

     

     

    Roman Opalka et Gwilherm Perthuis<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Cet article est le résultat d'un entretien mené à distance avec l'artiste d'origine polonaise Roman Opalka (né en 1931), autour de sa relation au musée. Voici une synthèse des réponses qu'il apporte au sujet de l'exposition et de l'assimilation par le musée de son œuvre.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Vos questions sont très pertinentes. En les lisant, on peut se rendre compte que vous connaissez bien ma démarche. Pourtant, moi je ne suis pas capable de répondre à vos questions dans leur chronologie précise. L'esprit de ma démarche et l'esprit de mon discours font que je ne peux isoler une question d'une autre.  Je crois que, de toute façon, je vais répondre à l'ensemble de vos questions. Une manière différente d'expliquer aurait été moins compréhensible pour des personnes moins informées sur ma démarche.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>J'appartiens à la génération des années 1960, laquelle avait pour programme ne pas avoir de relations avec l'esprit bourgeois des musées.
    Cela se traduisait par leur slogan « partout sauf dans les musées ». Ils avaient les mêmes rapports avec les galeries. Mais moi je n'étais pas un artiste si prétentieux, ni gâté par la riche société de l'Europe Occidentale dans les années 1960 et 1970.  Je vivais déjà dans le système vers lequel ils tendaient dangereusement.
    Au fond,  ils ne savaient pas pourquoi ils se sont révoltés.
    En réalité, ce n'était que contre leurs parents.
    Aujourd'hui sagement, ils sont revenus dans leur foyer bien  bourgeois et ses valeurs.
    Mais pourtant reste encore en France un grand mythe de mai 68. Pourtant il y avait en Europe de l'Est des révoltes beaucoup plus importantes pour l'Europe et même pour le monde.
    <o:p> </o:p>Le monde occidental a une lecture semblable de ces années-là concernant les évènements artistiques. Mais pourtant, il y avait des personnalités importantes comme Kantor, Grotowski et d'autres. Je cite seulement des polonais parce que dans les autres pays du bloc communiste les intellectuels ne jouissaient pas d'une liberté semblable pour pouvoir s'exprimer. D'autant plus que de temps en temps les pouvoirs politiques essayaient de resserrer  les boulons.
    Les arts visuels et la musique ont malgré tout réussi à garder leur place.
    Ce fut plus difficile pour le théâtre et plus encore pour  la littérature. Les mots étaient devenus un langage codé. Ils ne disaient pas les choses franchement ou directement.  Malgré l'importance de la censure, même si les idées ou la critique n'étaient pas formulées directement, elles devenaient quand même une  forte  diversion  contre le système communiste.
    <o:p> </o:p>En plus, depuis des siècles, la Pologne était un pays difficile pour Moscou. A cause de cela,  les « Krèmes » étaient obligées d'être plus délicats par rapport à d'autres pays du bloc soviétique. C'est l'une des raisons pour laquelle le système s'est effondré.
    C'est cela jusqu'à aujourd'hui que Poutine ne pardonne pas aux Polonais :
    Comme il disait dans un discours « la plus grande catastrophe du 20e siècle c'est, pour la Russie, l'effondrement de l'Union Soviétique. »
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Un art comme le mien peut trouver son refuge, par rapport au vandalisme, seulement dans les collections privées et évidemment dans les musées. Et pourtant, même dans le Centre Pompidou on a collé « pour se marrer » du chewing-gum contre une de mes toiles. Parce que les musées ne sont plus des temples de l'Art.
    Reste le «  temple » supermarché.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Autrefois, les parents, même d'une couche sociale comme mes parents amenaient leurs enfants au musée. Je me souviens de ma première visite avec eux au musée de Czartoryski à Cracovie. J'avais autour de 5 ou 6 ans. Je me rappelle dans la brume de la mémoire seulement un tableau. Surtout l'image de la femme peinte sur ce tableau.
    Il  me semblait que le mouvement de son bras n'était pas naturel, et qu'il devait être carrément douloureux pour elle. C'était un tableau probablement de l'époque baroque.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le rôle actuel des musées n'est pas seulement de créer des collections. De toutes façons, ils n'ont pas assez de moyens. Les moyens financiers  dont ils disposent  ne leur permettent  que des achats limités.  De plus, concernant les collections, l'Art en France a toujours été une affaire de princes.
    Ce qui devrait être leur rôle principal, c'est de propager les tendances actuelles de  l'art contemporain.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Je commence toujours en visitant l'espace que l'on me propose. Parce que dans mon cas, chaque exposition potentiellement peut être une installation de 3 médias : peinture, son prononcé, enregistré parallèlement quand je peins la suite des nombres et les photos de mon visage exécutées après chaque séance de travail du peintre.
    Ces 3 médias dépendent des possibilités d'espace qu'on met à ma disposition. Ils peuvent être présentés séparément. Parce que de toutes façons, dans chaque cas, le «  DETAIL » porte en lui-même l'ensemble du programme : OPALKA 1965 /1-∞ .
    A l'exception des expositions collectives, quand on expose un ou 2, et même 3 tableaux « DETAIL », il n'est alors pas indispensable d'installer le son, parce qu'évidemment le son peut gêner les œuvres d'autres artistes.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>La simplicité apparente de ma démarche m'a amené à prendre une décision : après ma mort, personne ne devra créer à sa manière ses propres installations à partir de mes travaux. Ces installations de mes « DETAILS » sont aussi mes œuvres. Pour cette raison, personne n'a le droit, à ma place, de les créer à sa manière...
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Pour respecter la relation corporelle entre le regardant et mes tableaux peints la partie basse par rapport au sol ne doit pas dépasser entre 35 et 40 cm. Les distances entre eux doit être de 23 cm, s'il s'agit d'une suite.  Ils ne sont pas accrochés en contact direct avec le mur mais en avançant du mur entre 2 et 3 cm grâce aux 4 points d'accrochages, le mâle fixé contre le mur et la femelle contre le châssis à la hauteur de 10 cm du haut et du bas.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Actuellement je suis en train de réaliser le 230ème « DETAIL -peinture ». Il n'y a pas de possibilité que l'on puisse les exposer tous dans un seul espace, même si on excluait  les photos. Pas seulement parce qu'on ne peut s'imaginer un espace si mégalomane, et les exposer dans des espaces séparés ne donnent pas l'esprit de la puissance et de la stratégie de mon Programme.
    Par chance, la plus grande installation de mes pièces est déjà actuellement sur plusieurs continents. Ce qui représente la plus grande installation qui n'ait jamais été faite avant, ou que l'on puisse imaginer.
    Comme je l'ai déjà dit, chaque « DETAIL » porte en soit tous les détails en dynamisant la totalité du concept  OPALKA 1965/1 -∞.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Mai 2008

     


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