• Numéro 1 | Gros plan sur la Fondation Salomon | Gw Perthuis

     

    Gros plan sur un lieu :

     

    La Fondation pour l'art

     

    contemporain

     

    Claudine et Jean-Marc Salomon

     

     

    Gwilherm Perthuis


     <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>L'accès à la culture demeure irrégulier sur le territoire français. Un certain nombre de départements sont dépourvus de centres d'art ou de lieux dédiés à la création contemporaine. Au début des années 80, la création des FRAC a eu une réelle incidence sur la densification du réseau de l'art contemporain hors de la capitale. D'autre part de nombreux petits lieux diffuseurs d'art contemporain souvent soutenus par une ville, une région et une DRAC[1], ont joués un rôle dans la promotion de jeunes créateurs émergeants. L'Etat et les collectivités territoriales qui avaient un rôle primordial à jouer dans la diffusion de la création sur l‘ensemble du territoire, l'on assumé avec plus ou moins de justesse selon les régions. La décentralisation a été menée. Des inégalités sont apparues. Des pans de territoires sont toujours abandonnés du ministère de la culture et de ses représentations régionales (DRAC). 
    <o:p> </o:p>L'initiative privée, qui, nous tenons à la préciser, ne pourra jamais remplacer l'implication des pouvoirs publics, peut cependant jouer un rôle non négligeable pour accompagner et renforcer le travail des institutions publiques. Un projet privé tel que celui du couple de collectionneur Claudine et Jean-Marc Salomon, renforce incontestablement le réseau culturel de la région d'Annecy, en proposant une programmation de qualité et en adoptant un regard su la création tout à fait original. 
    <o:p> </o:p>Après avoir joué un rôle de collectionneur pendant quelques années, Claudine et Jean-Marc Salomon décident de communiquer leur passion pour l'art contemporain auprès du plus grand nombre, en ouvrant un lieu d'exposition. Leur projet est avant tout guidé par la passion et par la volonté de transmettre. Un véritable rôle de mécène au sens noble et premier du terme[2]. Ils s'orientent alors vers la structure juridique la plus adaptée à leur projet : la Fondation reconnue d'utilité publique. Type de structure très difficile à obtenir mais qui offre des avantages fiscaux intéressants et permet de garantir une pérennité à l'activité mise en place.
    <o:p> </o:p>La Fondation du couple Salomon s'installe en juin 2001, dans un petit château situé au cœur du village d'Alex, à quelques kilomètres du lac d'Annecy, dans un cadre grandiose environné de montagnes. Entièrement réhabilité par Jean-Marc Salomon lui-même, dans l'optique de montrer de l'art contemporain, le château permet d'exposer sur trois niveaux, dans des espaces variés et totalement modulables. Les baies anciennes qui ont été conservées peuvent être occultées ou ouvertes en fonction des projets, des œuvres exposées et des ambiances souhaitées, puis des cloisons peuvent êtres montées ou ouvertes. Chaque exposition est l'occasion d'une métamorphose du lieu, qui conserve toutefois son identité et son atmosphère (en particulier son enveloppe extérieure). Le château est situé au cœur d'un grand parc de sculptures contemporaines dont la thématique est la relation à la nature. Les objets installés dans le parc dès la création du lieu sont l'homme statique de Gormley orienté en direction du Parmelan (grande falaise surmontant le parc) et le Couple de Keping placé à l'endroit ou un arbre malade du être coupé. La sculpture prend une dimension allégorique : le couple réhabilité le lieu et le refait vivre pour l'art contemporain... Depuis 2001 le parc est agrémenté de nouvelles œuvres. Nous citerons Gisueppe Penone, Bob Verschueren, Rona Pondick, Jan Fabre et tout récemment Christian Lapie.
    <o:p> </o:p>Claudine et Jean-Marc Salomon ont dès le début souhaité affirmer l'importance de leur entreprise et son caractère internationale en invitant les stars de l'art contemporain Gilbert and George. Deux anglais qui ont été exposés dans le monde entier et qui travaillent à la concrétisation de la première exposition de la Fondation. Comme à leur habitude Gilbert and George conçoivent eux-mêmes l'accrochage de leurs œuvres à partir d'une maquette. Dès ce premier projet, nous ne pouvions que penser que ce lieu prenne rapidement une place prépondérante dans la cartographie rhone-alpine de la création. Proche de l'Italie et de la Suisse, à quelques pas d'Annecy, palliant au manque de lieux de ce type dans la région, la Fondation attire un public nombreux.
    <o:p> </o:p>Après la monographie Gilbert and George, un rythme de deux expositions par an a été adopté : une au printemps (mars-mai) et une pendant l'été (juillet-octobre), alternant expositions monographiques et expositions thématiques. Le philosophe François Dagognet assure le commissariat de Rébus-Rebut, exposition qui regroupe des œuvres autour de la thématique de déchet et de la société de consommation, Alain Sayag alors conservateur au Centre Pompidou, se charge de la présentation des photographies de Georges Rousse, puis les artistes Elisa Sighicelli, Vera Molnar, Julije Knifer, Jan Fabre, Jacques Monory, ou Philippe Cognée sont invités. Par deux monstrations, le couple a partagé une sélection de sa propre sélection avec le public. Chaque exposition est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir des artistes qui tiennent un rôle important sur la scène artistique européenne et d'envisager leurs pratiques souvent de manière originale. Les choix artistiques sont toujours stimulés par des coups de cœur. Ils sont le plus souvent audacieux et ont des répercussions sur la découverte de certaines artistes en France. L'exposition Jan Fabre (été 2003) qui a été accrochée dans une forme différente au MAMAC de Nice (hiver 2004) était la première grande exposition consacrée à l'artiste flamand, qui est aussi chorégraphe et homme de théâtre[3].
    <o:p> </o:p>La Fondation diversifie ses activités et propose en particulier à ses amis des conférences sur l'histoire de l'art contemporain. Un programme concocté et animé par Philippe Piguet, critique et commissaire d'exposition indépendant qui travaille régulièrement avec la Fondation[4]. D'autre part l'équipe du château d'Alex organise en partenariat avec l'Abbaye d'Annecy-le-Vieux, des expositions thématiques constituées en grande partie d'œuvres issues des FRAC. Enfin une visite de la Fondation Salomon peut être un pur moment de bonheur pour l'amateur d'art contemporain, puisqu'en plus de l'exposition et du parc de sculpture, le visiteur peut accéder librement à une bibliothèque consacrée à la création contemporaine de plusieurs milliers de livres. Comme le dit tout simplement son propriétaire Jean-Marc Salomon : « j'avais beaucoup de livres chez moi et je ne savais plus ou les mettre ».
    <o:p> </o:p>Une visite à la Fondation Salomon est pleine de surprises et d'émotions. La passion pour l'art contemporain est nichée dans chaque projet, dans chaque commande passée à un artiste, dans tous les rapports humains... Le travail du couple Salomon est une belle démonstration de mécénat désintéressé et très généreux pour le grand public. Nous ne pouvons que soutenir ce type d'engagement pour la création et des incitations fiscales devraient être proposées pour permettre le développement de projets plus nombreux. Un regard particulier et passionné sur l'art complète et épaule l'implication de l'Etat. Par contre nous ne pouvons soutenir les récentes lois exonérant d'impôt les entreprises pratiquant un faux mécénat plus proche de la publicité et de la promotion. Un engagement à long terme qui palie au manquement de l'intervention publique comme celui de Claudine et Jean-Marc Salomon doit être facilité et encouragé. Des abattements d'impôts pour des entreprises qui ne financent que des projets très visibles qui leur garantissent des retombés ne doivent plus être développés...


    [1] Direction Régionale des Affaires Culturelles

    [2] Contrairement à certaines entreprises mécènes qui consacrent des budgets à la culture avant tout en espérant un retour sur investissement et en exigeant des placards publicitaires au sein des institutions. Nous rappelons que la loi sur le mécénat insiste sur le caractère désintéressé de la participation financière d'une entreprise dans un évènement culturel.
    [3] Jan Fabre a été invité d'honneur du Festival d'Avignon en 2005 et a fait tourné son spectacle avec la danseuse Lise ???, en particulier à Lyon lors de la Biennale 2004.

    [4] Philippe Piguet a beaucoup travaillé avec la Fondation Guerlain qui était située au Mesnuls près de Paris.



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