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    Wanting Now
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    John Berger

     

    The world has changed. Information is being communicated differently.
    Misinformation is developing its techniques.  On a world scale emigration has become the principal means of survival. The national state of those who had suffered the worst genocide in history has become, militarily speaking, fascist. National states in general have been politically downsized and reduced to the role of vassals serving the new world economie order. The visionary political vocabulary of three centuries has been garbaged.  In short, the economie and military global tyranny of today has been established.
    At the same time new methods of resistance to this tyranny are being discovered. Rebels now have to be, not so much obedient, as self-reliant.  Within the growing opposition centralised authority has been replaced by spontaneous co-operation. Long-term programmes are replaced by urgent alliances over specifie issues. Civil society is learning and beginning to practice the guerilla tactics of political resistance.
    .
    Today the desire for justice is multitudinous. This is to say that struggles against injustice, struggles for survival, for self-respect, for human rights, should never be considered merely in terms of their immediate demands, their organisations, or their historical consequences. They cannot be reduced to "movements". A movement describes a mass of people collectively moving towards a definite goal, which they either achieve or fail to achieve. Yet such a description ignores, or does not take into account, the countless personal choices, encounters, illuminations, sacrifices, new desires, griefs and, finally, memories, which the movement brought about, but which are, in thé strict sense, incidental to that movement.
    The promise of a movement is its future victory; whereas the promises of the incidental moments are instantaneous. Such moments include, life-enhancingly or tragically, experiences of freedom in action. (Freedom without actions does not exist.) Such moments - as no historical "outcome" can ever be -are transcendental, are what Spinoza termed eternal, and they are as multitudinous as the stars in an expanding universe.
    Not ail desires lead to freedom, but freedom is the experience of a desire being acknowledged, chosen and pursued. Desire never concerns the mere possession of something but the changing of something. Desire is a wanting.  A wanting now.  Freedom does not constitute the fulfilment of that wanting, but tin acknowledgement of its supremacy.

    Today the infinite is beside the poor.

     

    John Berger

     


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    Entretien avec

     

    le plasticien

     

    Gianni Motti


     
     Gwilherm Perthuis : Dans un premier temps pourriez-vous présenter globalement votre travail ? La manière dont vous agissez pour créer des pièces ?
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Gianni Motti : C'est difficile d'en parler globalement. On peut avoir l'impression que mon travail est diversifié mais l'esprit est le même. Cela vient peut-être du fait que je n'ai pas d'atelier et que je suis avant tout attentif à ce qui se passe dans le monde.
    Pour moi, il est important de vivre dans une petite ville, Genève. Je suis toujours en voyage, mais il est important d'être installé dans une ville sans peine et sans gloire, très calme. Cela me permet de déployer des antennes et d'être attentif à ce qui se passe dans le monde.
    <o:p> </o:p>GP : Et quel est le déclencheur qui va vous donner envie de créer une oeuvre ?
    <o:p> </o:p>GM : Souvent je suis sur mon hamac. La radio, la télévision, internet, que je laisse allumés toute la journée me permettent d'écouter les nouvelles constamment. Et je n'attends pas, lorsque quelque chose m'interpelle, je détermine très rapidement un projet qui puisse mettre en question l'information.
    <o:p> </o:p>GP: Les médias sont très importants dans votre travail. Ils constituent une véritable composante dans la réalisation d'une oeuvre. Comment les gérez-vous ?
    <o:p> </o:p>GM : Je ne gère pas vraiment les médias. Mais je lance des balles souvent en direction de leur camp. Pour moi, un artiste, c'est quelqu'un qui lance une balle, qui est ensuite ré-exploitée par d'autres, en particulier les médias. Moi, je la lance souvent dans l'art mais elle finit toujours ailleurs. Il est rare que mes travaux restent simplement dans la galerie ou le musée, mais ils sont et vont toujours ailleurs. C'est comme une inondation : à un moment donné, l'eau sort et va ailleurs. Les médias, se sont plutôt mes assistants, des milliers d'assistants qui font circuler mon travail. Parfois, une information relative à mes pièces, qui circule par le bouche à oreille, peut être totalement déformée. D'ailleurs j'ai exploité cette désinformation en réalisant l'œuvre dont les médias parlaient et qui ne correspondait pas à celle que j'avais déjà produite. Le système médiatique est aussi un déclencheur d'idée.
    <o:p> </o:p>GP: Parfois les œuvres préexistent matériellement avant même que vous ayez l'idée de la créer. Pourriez-vous expliquer, à partir d'un cas précis, ce phénomène d'inversion entre idée et production de l'œuvre ?
    <o:p> </o:p>GM : Par exemple, le tremblement de terre qui a eu lieu avant que je ne le réalise. De toute manière, je pense que toutes les choses sont déjà là. On n'invente rien. Même si on ne fait pas de l'art, tout existe. Tout est récupéré par derrière. Une chose que je ne supporte pas c'est le remake. Refaire quelque chose qui a eu lieu ne m'intéresse pas. Par contre, il s'agit d'inventer ce qui est déjà produit en le revendiquant.
    Au Metro Picture, il y a deux ans à New York, j'ai changé complètement de projet la semaine qui précédait l'ouverture de l'exposition. J'avais vu, dans Le Corrirere della Serra, qu'une télévision américaine voulait présenter un programme dans lequel un medium allait contacter l'au-delà pour parler à John Lenon. Yoko Ono et Lenon avaient fait un pacte pour que ceux qui restent vivant contactent, dans l'au-delà, le mort, afin qu'il continue à envoyer des chansons. Dès que j'ai lu cet article je savais quel était mon projet : réaliser le principe de l'émission avant quelle ne soit diffusée, un mois plus tard à la télévision. Le jour du vernissage, nous avons fait parler un médium, et Lenon a envoyé la chanson. Tous les journaux newyorkais en ont parlé. L'émission voulait porter plainte contre la galerie pour plagiat. Mais je leur ai dit qu'un soir à l'hôtel, John Lenon m'était apparu et m'avait dit de monter ce projet. De là, ils ne pouvaient plus porter plainte. Voilà un exemple précis de projet qui est créé, avant que celui qui en avait l'idée première puisse la réaliser. Un journal a même écrit que l'émission de télévision avait copié mon oeuvre. Les médias peuvent ainsi renverser la réalité. Pour le tremblement de terre : l'évènement arrivait par le biais de la nature, et j'ai revendiqué le phénomène.
    <o:p> </o:p>GP : Par quels actes ou moyens revendiquez-vous des évènements de ce type ? Quels sont vos outils ?
    <o:p> </o:p>GM : Dans ce cas, j'ai été à l'agence de presse Keystone à Genève, avec un panneau qui indiquait toutes les informations relatives à l'œuvre que je revendiquais. Les employés étaient très surpris et m'ont pris pour un fou. J'ai pu voir le directeur et finalement ils ont terminé par publier l'information.
    <o:p> </o:p>GP : Ce sont même eux qui vous appellent maintenant.
    <o:p> </o:p>GM : Après en avoir revendiqué deux, pour le troisième, c'est l'agence qui m'a appelé en me disant qu'il y avait eu un tremblement de terre, et en me proposant de l'exploiter pour une œuvre.
    <o:p> </o:p>GP: Est-ce que le fait de s'appuyer sur les médias, ou de les laisser diffuser de l'information qui s'avère inexacte, est une manière de créer du désordre dans le monde médiatique dans lequel nous vivons ?
    <o:p> </o:p>GM : C'est plutôt mettre de l'ordre, car le désordre ce sont les médias qui le font. D'ailleurs Sarkozy a bien compris cela. Il est très efficace de surfer sur un évènement et de produire une confusion totale. On a l'impression que l'on a tout compris, et en fait on a rien compris. L'information, c'est bien du désordre, et plus elle est abondante, moins on la comprend.
    <o:p> </o:p>GP : Par vos actions vous rétablissez un petit peu l'ordre médiatique ?
    <o:p> </o:p>GM : Non je n'ai pas cette prétention. Je ne veux pas subir le désordre mais plutôt le contourner. Dans tout cela je veux aussi prendre ma part du gâteau.
    <o:p> </o:p>GP : Vous avez évoqué Sarkozy, est-ce que vous pourriez parler en quelques mots du savon de Berlusconi, pièce liée à un homme politique qui « maîtrise » les médias désordonnant ?
    <o:p> </o:p>GM : Pendant deux mois, Berlusconi a disparu de l'espace médiatique en Italie. Même pour les 17 morts italiens en Irak il n'y avait pas de Berlusconi. En fait il était à Lugano dans une clinique pour se faire un lifting, des implants capillaires et une liposucion. J'ai pu me procurer un petit peu de graisse de la liposucion de Berlusconi et j'ai fabriqué un savon que j'ai appelé Mani pulite (mains propres). Mani pulite c'était une énorme opération anticorruption dans les années 1980 dont Berlusconi était l'un des principaux acteurs. J'ai exposé le savon à la foire de Bâle en 2005 et il a reçu un accueil incroyable dans la presse : des dizaines de journalistes en train de photographier le savon, comme au festival de Cannes pour les stars. Les avocats de Berlusconi voulaient m'attaquer et ils en ont tellement parlé que j'ai proposé de faire extraire un échantillon du savon pour faire un test ADN et contrôler que c'était bien la graisse de Berlusconi. Mais à partir de ce moment là, ils ont cessé toute poursuite. Ils auraient du faire un prélèvement sur Berlusconi puis sur le savon ce qui lui aurait donné une très mauvaise image.
    <o:p> </o:p>Je n'ai jamais été censuré et j'ai toujours trouvé les échappatoires pour que les poursuites cessent. Lorsque la pièce reste longtemps elle produit un grand nombre de documents. Dans les journaux, à la télévision, mais aussi dans des livres, par exemple le dernier ouvrage de Mickael Kriston qui mentionne le savon, ou le Guinness book où il est reproduit comme le savon le plus cher du monde. L'engrenage médiatique devient complètement absurde, sans que moi je ne fasse quoi que ce soit.
    <o:p> </o:p>GP : Lorsque vous concevez une exposition, quels sont les éléments qui vous intéressent le plus ? Est ce que le concept même d'exposition vous semble efficace pour diffuser votre travail ?
    <o:p> </o:p>GM : L'exposition n'est pas importante dans mon travail. Lorsqu'on me demande une exposition cela ne me fait jamais plaisir. Par exemple, pour la rétrospective au Migros Museum de Zurich, il y a trois ans, lorsque j'ai entendu le terme rétrospective, je suis devenu blanc. Alors j'ai simplement réalisé un couloir de 600 mètres qui menait de l'entrée du musée à la cour de service, et entre ces deux points, il y avait des guides que j'avais briffés, qui racontaient mon travail pendant le parcours vide d'objets. Le travail était dit mais pas vu. Je préfère que mes œuvres permettent de créer de l'échange et du débat. La dimension discursive est importante pour moi, plus que les objets que l'on peut montrer.
    <o:p> </o:p>GP : Lié au concept de musée, vous avez d'ailleurs pensé à un projet qui incluait un homme de musée : Christian Bernard (directeur du MAMCO de Genève). Pouvez-vous parler de ce projet avorté ?
    <o:p> </o:p>GM : Ce serait très difficile de le réaliser aujourd'hui parce que, depuis le 11 septembre, les actions proches du terrorisme sont banalisées et il y a de plus en plus de contrôle de téléphone. En 1996 Christian Bernard m'avait invité pour une exposition au MAMCO, et j'avais eu l'idée de le séquestrer et de demander une rançon. J'avais préparé tout le protocole mais je n'ai pas pu le réaliser car Christian Bernard était malade. J'ai abandonné l'idée et j'ai rendu public le projet en montrant récemment les quelques dessins concernant la logistique de l'affaire (nous publions dans ce texte les dessins inédits). Tout est détaillé dans les dessins : le plan pour accéder au musée, la voiture, les conditions de séquestrations adaptées au kidnappé, et sa photographie avec le journal du jour pour assurer de sa bonne santé...
    <o:p> </o:p>GP : Comment concevez-vous votre rôle social dans le monde actuel ? Quelle action pouvez-vous avoir sur le monde ?
    <o:p> </o:p>GM : En principe je produis des actions ou des objets pour moi. Mais comme je ne suis pas bête cela touche les autres. Lorsque je réalise un projet je ne pense pas aux autres mais je sais qu'il pourrait avoir une incidence sur leur comportement ou sur leur manière de penser. Les problèmes qui m'intéressent sont toujours universels et touchent tout le monde. Mais vivre dans une société conduit forcément à avoir un rôle social, même ceux qui font du marché pur ont un rôle social parce qu'ils se voient entre eux, entre riches. Il y a des choses qui m'irritent, que je trouve injustes. Et mon travail c'est de mettre le doigt sur des phénomènes, de les mettre en évidence, de les sortir de l'environnement médiatique dans lequel ils sont noyés. J'isole des phénomènes pour que l'on puisse mieux les voir.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>GP : Votre rôle social c'est de montrer des choses que l'on ne peut plus voir ?
    <o:p> </o:p>GM : Oui. Ne pas donner des leçons, mais zoomer sur des éléments précis. Des gens me disent : « quand je vois ton travail cela me donne un sentiment de liberté, du courage et l'impression que l'on peut faire des choses ». Il n'y a pas de limites, et souvent les limites, on se les fixe nous-mêmes. D'ailleurs, il n'y a pas de domaine qui ne m'intéresse pas, je suis ouvert à tout (sport, science, politique...).
    <o:p> </o:p>GP : Est-ce que le comportement de Sarkozy, par exemple, peut vous donner des idées pour créer une pièce ? Est-ce une bonne matière première pour en tirer un projet efficace ?
    <o:p> </o:p>GM : Je suis un petit peu jaloux parce qu'il me copie Sarkozy. On a toujours l'impression qu'il est en train de faire une performance. C'est une caricature de tout ce qu'il y a eu avant. J'ai vu, il y a quelques jours, un reportage sur les présidents français et les coulisses du pouvoir. Et Sarkozy c'est une caricature, une sorte de charlot. Il n'est pas français d'origine mais il est plus français que les français. Pour s'intégrer il devient plus bébête que les bébêtes français. Il me fait beaucoup penser à Louis de Funès. A propos de la presse, il disait avant les élections que les médias sont un instrument qu'il faut utiliser. Mais, en même temps, il les utilise d'une manière tellement caricaturale, sans recul, sans finesse, je ne comprends pas que les gens soient enthousiasmés pour ce personnage. On le voit venir à un kilomètre ! Un jour, en France, j'ai vu un reportage sur Johnny Hallyday mais je ne savais pas qui c'était, car à part en France, personne ne connaît Johnny Hallyday. Je me marrais car je croyais que c'était un comique qui imitait Elvis Presley ou un rockeur quelconque. Avec Sarkozy, c'est pareil, il joue au président et il imite le président. A part cela, il parait qu'il est sympathique. C'est un peu comme Berlusconi, si tu le croises dans la rue et qu'il peut te vendre un stylo, il le fait.
    <o:p> </o:p>Propos recueillis en novembre 2007

     


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